PREAK TOAL CAMBODGE //
Réalisation-Images-Montage: E.Chevillard
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SCRIPT
C’est dans un univers lacustre, à la fusion des eaux et du végétal, royaume des oiseaux et des pêcheurs que se trouve le petit village flottant de Preak Toal. À deux heures en bateau des temples d’Angkor, ce village flottant d’environ 5000 habitants se trouve sur le Tonle Sap à l’embouchure de la rivière Sangkaé, aux portes d’une réserve ornithologique abritant les plus importantes colonies d’oiseaux d’Asie du sud-est.
Avec 300 000 tonnes de poissons pêchés chaque année, le Tonle Sap est l’un des lacs les plus poissonneux du monde.
Ici 90% des habitants vivent de la pêche et pour certains de l’élevage de crocodiles.
La plupart des habitants n’ont pas suffisamment d’argent pour s’acheter un terrain et une maison en dur sur pilotis. Habiter sur l’eau est souvent un choix par défaut qui leur permet de pêcher, et d’exploiter leur mini ferme piscicole où ils produisent du poisson séché.
Kimly – Cuisinière / Habitante de Preak toal
Ce sont des maisons flottantes. On construit une structure avec ces grandes planches de bois et ensuite on insère du bambou pour que la maison puisse flotter.
En dessous, il y a à peu près 1 mètre d’eau en ce moment (saison sèche), la maison flotte vraiment !!
La vie a Preak Toal est chère, hormis le riz troqué contre du poisson, les matières premières arrivent par bateau. Tous les trois ans, il faut vérifier et souvent changer les bambous flotteurs ce qui représente un coût extrêmement important pour les familles.
Sot Kimly :
Ici, la vie n’est pas facile ! Tout est plus compliqué car il nous faut systématiquement un bateau pour aller faire les commissions.
C’est dans cet environnement atypique situé au centre du village que se trouve l’école flottante nommée : «L’école du Poisson fermenté » qui se déplace au rythme des saisons.
Sot Nourn Vothy – School Director
En novembre/décembre, l’eau monte jusqu’au niveau de la maison là-bas et la classe se retrouve tout proche du bâtiment en dur là-bas et se retrouve au niveau de la cime des arbres, là-bas…
Au mois de décembre l’eau monte de 6 ou 7 mètres, au mois d’octobre/ novembre cela peut monter jusqu’à 12 mètres.
Dans ces conditions singulières, seuls quelques centaines d’enfants sont scolarisés. La condition obligatoire pour être scolarisé : savoir nager.
Sot Ril Haonsaki – Professor en 5eme et 6eme
Le plus important, c’est que les enfants à partir de 5/6 ans sachent nager.
Tous les enfants qui viennent ici savent nager.
Avant même de savoir nager, et à partir de l’âge de quatre ans, les enfants apprennent aussi et surtout à mener leur propre barque…Encore faut-t-il en posséder une…
Sot Nourn Vothy – School Director
Oui c’est très important d’avoir un bateau pour venir à l’école,
Certaines familles n’ont pas de moyens de transport pour envoyer leurs enfants à l’école. Du coup, certains ne viennent qu’en saison sèche où l’école est accessible par la terre !
Mais la saison sèche est une des périodes les plus propices à la pêche, période à laquelle beaucoup d’enfants restent aider leurs parents.Le travail des enfants et l’extrême pauvreté sont deux facteurs déterminants. Seulement 30 à 35 % des enfants sont scolarisés ici.
Et presque 100% des garçons quittent l’école en classe de sixième pour devenir pêcheur..Au rythme de l’eau, suivre le programme scolaire annuel devient très complexe.
Sot Ril Haonsaki – Professor en 5eme et 6 eme
C’est très difficile pour moi, Il y a beaucoup d’absentéisme, de retard en classe puisqu’il faut revenir sans cesse sur les cours manqués ce qui rend l’enseignement très difficile. Finir son programme en fin d’année est donc très difficile.
Le manque d’effectifs, de moyens matériels et les très bas salaires versés aux professeurs (environ 30/40$ par mois) conduisent très souvent au cumul des fonctions et à certaines formes de corruptions… Difficile dans ce contexte, pour ces enfants qui le souhaitent, de sortir la tête hors de l’eau…..