Cambodge : tourner le dos du passé grâce à l’art

 

Version Française (3min30s):

report PPS 2016 FR from Eric Chevillard on Vimeo.

En 2011, nous avons aussi découvert une école au Cambodge où l’enseignement de l’art, de la musique et des arts du cirque participait à l‘éducation des enfants des rues, favorisait leur insertion professionnelle et les aidait à surmonter les traumatismes du passé. Cinq ans après, nous faisons le point de la situation sur place.

Recueillir, scolariser et initier les enfants des rues à toutes les formes d’art, c’est le projet de l’association Phare Ponleu Selpak (Lumière de l’art en langue khmer). A Battambang, son école a pris en cinq ans, une nouvelle dimension : elle compte 1500 élèves (200 de plus qu’en 2011) et la professionnalisation est devenu un objectif. “J’ai commencé ma scolarité à Phare à l‘âge de 7 ans, mais j‘étais trop jeune pour prendre des cours de cirque, nous explique Phunam Pin, contorsionniste. C’est seulement à 13 ans que j’ai commencé, ajoute-t-elle, je trouve que Phare m’a apporté beaucoup de choses.”

Point de départ du projet :
en 1986, Véronique Decrop, une jeune Française professeure de dessin, crée des ateliers d’art dans le camp “Site 2” en Thaïlande, l’un des plus grands camps de réfugiés cambodgiens. Son but était alors d’aider les enfants à s’exprimer et à dépasser les traumatismes causés par les atrocités khmers rouges.

Neuf élèves fonderont plus tard, l‘école Phare Ponleu Selpak. L’un d’entre eux Det Kuon en deviendra le directeur artistique. “Cette formation permet aux jeunes de progresser dans les domaines artistiques, nous explique-t-il, mais cela leur permet aussi de retrouver leur identité nationale et de faire renaître notre art.”

Depuis notre première visite, beaucoup de choses ont changé sur place : les besoins spécifiques de toutes les catégories d‘âge ont été pris en compte. Pendant que les plus grands se professionnalisent, les 2-5 ans par exemple, sont désormais accueillis dans des bungalows qui font office d‘école maternelle.

Isabelle Drouillard copréside l’association : “Ce qui change vraiment depuis cinq ans chez Phare, c’est cette envie de professionnaliser nos jeunes et de leur donner un accès à l’emploi, insiste-t-elle. Pendant plusieurs années, le curriculum était de très bon niveau, mais on ne pensait pas assez à la suite, à l’entrée sur le marché de l’emploi et pour sortir les jeunes de la pauvreté, il faut un accès à l’emploi,” renchérit-elle.

Et pour créer de l’emploi et de l’activité, l‘école dispose désormais d’une nouvelle structure à Siem Reap, une ville à proximité des temples d’Angkor où près de trois millions de visiteurs se rendent chaque année. Chaque soir, les spectacles montés dans l‘école de Battambang y sont joués sous un chapiteau devant un public venu du monde entier. “L’art nous aide à nous exprimer, explique Dara, directeur du site. Les jeunes du Cambogde ont grâce à cela, un moyen de se guérir par l’expression, de raconter leur vie,” assure-t-il.

Au sein de la troupe, on trouve des profils et des histoires différentes. Celle de Phunam Pin est marquée par la pauvreté : enfant, elle ramassait des cannettes dans la rue pour gagner un peu d’argent pour sa famille. Elle a aussi subi des violences : son père a abusé d’elle quand elle était très jeune. Aujourd’hui, après plusieurs années de formation à Phare, elle est une contorsionniste renommée. “Avec Phare, je peux dire que je suis une star – même pas très connue – ; en tout cas, cela change ma vie,” se réjouit-elle.

 

English Version (3min30s):

report pps 2016 en from Eric Chevillard on Vimeo.